
″lou
berret ou lou bounet” ou
l’histoire du béret
Mythe ou réalité
La
légende dit : "Noé,
seul sur son arche, entouré de toutes les espèces
d’animaux qu’il avait sauvées, ennuyé par les pluies
diluviennes qui lui tombaient sur la tête, puis assommé
par les rayons de soleil, aurait découvert, après avoir
débarqué ses bêtes, une matière étonnante qui
tapissait le fond de son navire. La toison des animaux
" laineux ", déposée par lui pour colmater le
fond de cale, à force d’être piétinée et "
humectée à température ", se serait transformée
en une sorte de feutre imperméable et souple.
…
Il
n’en fallut pas plus à notre vénérable ancêtre pour
comprendre l’avantage d’une telle matière … il
s’en découpa derechef une "coiffe"
… qui n’avait pas encore le nom de béret …
il
s’en couvrit la tête pour se protéger de la pluie… mais
l’histoire ne faisait que commencer.
Son
origine
A son origine, il servait principalement aux bergers qui
le tricotaient à la veillée avec des aiguilles en bois
de buis et de la laine de moutons. Lavé et martelé pour
obtenir un aspect feutré il était
utilisé pour se protéger du soleil, de la pluie et du
froid. Porté au Moyen-Age par les gens de
Bigorre, de la Sioule et du Béarn, y compris le clergé,
on
le dit Basque, on le dit Landais mais en réalité il est une coiffure spécifiquement pyrénéenne et
plus exactement béarnaise. De
source à peu prés sûre, ce sont les bergers béarnais,
vers le Haut Moyen-Âge, qui ont " inventé
" ce tricot qui feutrait à force d’être " battu " par les intempéries et qui les a protégés à
la fois du soleil et du froid, du vent et de la pluie.
Cela ne s’appelait toujours pas un béret…
La preuve "irréfutable"
de cette origine béarnaise figure sur un bas relief en
bois du monastère de Sarrance en vallée d'Aspe où un pêcheur
est représenté au bord d'une rivière portant sur la tête
un béret bien reconnaissable(1760 )

Bas-relief
Sarrance
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Cloître
Sarrance
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Le
béret a acquis ses lettres de noblesse en BEARN, où, au
nord-est on dit "Lou
berret" alors qu’au sud-ouest, on dit "Lou
Bounet".
Le
plus vieux béret coiffe une sculpture du portail de l’église
de BELLOC ( Béarn).Les santourets de la crèche d’OLORON
(1680) portent cette coiffe. Au moyen-âge il
faisait
déjà partie du costume de la vallée d’OSSAU.
Si le panache de "nouste Henric" ( Henri IV ) est toujours ici dans bien des cœurs,
le béret se trouve à peu près sur toutes les têtes. Il
est de tradition en Béarn. Les félibres l'ont chanté.
Chez les Romains, la "barrette" était la marque de la liberté. On sait, en effet,
que les esclaves allaient tête nue. Or le mot "béret" prend ses origines dans le mot "barrette".
Le Béarnais affirmait donc par son béret sa fière indépendance
et son amour inné de la liberté.
Il y a
moins d’un demi-siècle, le béret se portait avec une
certaine solennité. Il était immense, ce brave béret.
Il se développait autour de la tête comme un vaste
couvercle de prés de cinquante centimètres et faisait
tour à tour office de parasol et de parapluie. Pratique
par excellence, cela mettait au front comme une auréole
imposante, et ainsi nos grands-pères allaient jadis au
marché, à l'abri de ces prodigieux champignons.
Ensuite ce fut le béret de
Caddetou, un béret plein de bonhomie, avec des
bords juste ce qu'il faut pour relever l'expression
de la figure d'une pointe de malignité et qui tient
dans le creux de la main.
Depuis l'on se plait à constater
que le béret béarnais a fusionné le plus
gentiment du monde avec le béret basque.
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Pourquoi
l'appelle-t-on béret "basque" ?
Au
siècle dernier
il était porté par des joueurs de pelote basque renommés
et c’est ainsi qu’ à Biarritz, des
touristes amusés qui venaient de découvrir la "côte
basque" le demandèrent en souvenir et
le propulsèrent au firmament des trouvailles mondaines en
le dotant de ce surnom qui ne l'a pas quitté depuis.
Les
commerçants de BAYONNE – BIARRITZ… qui l’achetaient
en BEARN, lui apposaient des étiquettes avec des noms de
villages basques: ISPEGUY – IHOLDY – ESPELETTE …,
d’où son appellation.
Comme
disait un journaliste béarnais: "les
basques ont été nos meilleurs VRP" !
Il
est en tous cas une évidence bien réelle, malgré son
appellation " béret basque ",
sa fabrication a été toujours,
à domination béarnaise. En 1830
existaient 2 usines à OLORON, en 1950 on en comptait 30 en France dont
10 à OLORON et plusieurs à NAY-ORTHEZ, et aujourd’hui
il en reste 2 qui emploient plus de 100 personnes.
Le
Béret, tout un symbole.
La
façon dont il est porté, image bien plus qu’un long
discours l’humour ou l’humeur de celui qu’il couvre :
En
haut de la tête, bien planté: C’est moi ! je vous en
fous plein la vue…
Sur
l’œil: douteux – faux jeton ou pour protéger du
soleil.
Derrière
la tête: je réfléchis … ou je me fous de tout,
surtout si j’ai bu un petit coup …
Sur
le côté: pour crâner…
S’il
tourne: n’approchez pas. Celui qui le porte est très en
colère
Il
peut aussi servir d’arme : avec un cailloux dedans,
on le fait tourner et gare à celui qui en reçoit un
coup.
Il
peut être unité de mesure : une betterade de pomme
de terre, etc
Aujourd’hui, le béret même s’il reste très
important en BEARN, PAYS BASQUE et GASCOGNE, a largement
dépassé ces frontières. Symbole
de l’image du Français, le béret a pris dans le monde
d’autres aspects non moins symboliques :
révolutionnaire avec Hemingway ou Le Che, humoristique
avec Jean Louis Chrétien, sensuel avec Madonna, charmant
avec Claudia Schiffer, provocateur ou sportif (et bien
d’autres qualificatifs), bien que faisant partie d’un mode de
vie régional, il s’est totalement intégré à la mode
d’aujourd’hui. C’est un de ces objets intemporels
qui traversent les ans sans jamais se démoder, il est
exporté dans le monde entier par les deux entreprises
béarnaises qui le fabriquent et a même un musée qui lui
est dédié.
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Créé
par l’entreprise Blancq Olibet (fabricant de bérets
depuis plusieurs générations), ce musée permet de découvrir
toute l’histoire et les secrets d’un des principaux
symboles du Sud Ouest. Touristes qui visitez la région
paloise , à 20 kms au sud de Pau, en bordure de rivière
faîtes un détour par le Musée du Béret Place
Saint Roch 64800 NAY Tel : 05.59.61.01.32
Le
Béret, sa chanson.
Et
comme en France tout se termine par des chansons, le Béret
ne fait pas exception à la règle, voici donc cette
chanson connue de tous qui fait un large tour d’horizon
des implications de ce couvre-chef :
I
Chaque pays possède
sa coiffure :
Le marocain porte
un fez rigolo,
Le mexicain ne
manque pas d’allure
En arborant son
vaste sombrero !
Le bon bourgeois,
ce n’est pas un reproche,
Porte un melon,
tant mieux si çà lui plaît,
Moi, mon chapeau,
je le mets dans ma poche,
Je suis gascon et
porte le béret.
II
Notre béret
c’est toute la Gascogne,
Et "per
canta nouste beth ceü de Paü"
Nos montagnards
aux jambes de cigogne,
Avec orgueil le
portent en haut "ataü"
Et avec çà
c’est tellement pratique,
Quand M’sieur
l’Curé sur la roue apparaît
Où le paysan dépose-t-il
sa chique ?
Mais "Diü
Biban" mais c’est dans son béret.
III
Le béarnais aime
le mettre en pointe,
Le basque, lui,
le met sur l’occiput,
Et le landais,
sans reproche et sans crainte,
Le pose ainsi
quand il veut dire "zut",
C’est tout
petit mais c’est une merveille :
Pour réfléchir
c’est ainsi qu’on le met,
Et pour crâner
on l’accroche à l’oreille
Quel orateur ce
coquin de béret !
IV
Quand grand-papa
travaille dans la vigne,
Et qu’à l’église
on sonne tant et plus,
Pour la prière,
il l’enlève et se signe,
Plus de béret
quand sonne l’angélus.
Les parisiens
dont l’enfant n’est pas sage,
Pour le fesser
prennent un martinet,
Un martinet !
C’est un truc de sauvage,
Nous on lui
flanque un bon coup de béret.
V
Lorsque à
Bayonne, on joue à la pelote,
C’est son béret
que l’on jette au vainqueur,
Et ce béret
c’est pas de la gnognote
Puisque dedans on
a mis tout son cœur !
Et le dimanche,
il fait bon qu’on le sache
A la plazza ça
fait beaucoup d’effet,
Nos jeunes gens
vont exciter la vache,
Pour la sauter
pieds-joints dans le béret,
VI
Votre béret a
fait le tour du monde,
Tous les
champions qui battent un record
L’ont adopté
sur la terre et sur l’onde,
Car un béret
çà tient, coquin de sort,
Malgré le vent
et malgré le cyclone,
Il est solide et
peut-être, qui sait ?
Alphonse XIII
aurait gardé son trône
S’il avait eu
pour couronne un béret.
VII
Quand le conscrit
quitte sa fiancée
C’est le béret
qui rythme les adieux,
Quand il est
loin, seul avec sa pensée,
C’est au béret
qu’il parle avec les yeux.
Je ne veux pas
vous parler de la guerre,
Quelques
grincheux me le reprocheraient
Mais vous savez
tout ce qu’ils ont pu faire
Les petits gars
qui portaient le béret.
Et pour conclure, comme tout bon gascon :
VIVE
LOU BOUNET !
VIVE
LOU BERRET !
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