"
"Je
laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la
recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites,
mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s'est offert en
sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque
indignes que nous en fussions, et moi le premier.
"Je meurs dans l'union de notre sainte Mère l'Église
Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une
succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ
les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui
est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Église,
les Sacrements et les Mystères tels que l'Église Catholique les
enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai jamais prétendu me
rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes
qui déchirent l'Église de Jésus-Christ, mais je m'en suis
rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m'accorde vie, aux décisions
que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église
Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de
l'Église suivie depuis Jésus-Christ.
Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans
l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime
pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne
nous l'enseigne.
"Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de
la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses
mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s'est
offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes,
quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
"Je meurs dans l'union de notre sainte Mère l'Église
Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une
succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ
les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui
est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de
l'Église, les Sacrements et les Mystères tels que l'Église
Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai
jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières
d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Église de Jésus-Christ,
mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu
m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques
unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront
conformément à la discipline de l'Église suivie depuis
Jésus-Christ.
Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans
l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime
pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité
Chrétienne nous l'enseigne.
"Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j'ai
cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à
m'humilier en sa présence, ne pouvant me servir du M inistère
d'un Prêtre Catholique.
Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et
surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, (quoique
cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être
contraires à la discipline et à la croyance de l'Église
Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de
cœur.
Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il
m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du
Ministère d'un Prêtre Catholique, pour m'accuser de tous mes
péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
"Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par
inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment
aucune offense à personne), ou à ceux à qui j'aurais pu avoir
donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le
mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait.
"Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs
prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes
péchés.
"Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes
ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie
Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle,
ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal.
"Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes
Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les
liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être.
Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde
sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis
longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s'ils viennent
à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
"Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté
de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout
d'en faire de bons Chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire
regarder les grandeurs de ce monde ci (s'ils sont condamnés à
les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et
de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de
l'Éternité.
Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes
enfants, et de leur tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur
de perdre la leur
"Je
prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour
moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le
cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde
rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se
reprocher.
"Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils
doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours
unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et
reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne
pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur
comme une seconde mère.
" Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir
Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses
concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment,
et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins
que j'éprouve.
Qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant
les Lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire
respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant
qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans
ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus
nuisible qu'utile.
"Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les
personnes qui m'étaient attachées, autant que les circonstances
où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que
c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou
les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui
sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de
celles qui m'étaient attachées, qui ne se sont pas conduites
envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de
l'ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de
troubles et d'effervescence, on n'est pas le maître de soi) et je
prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur
malheur.
"Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux
qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé.
D'un côté si j'étais sensiblement touché de l'ingratitude et
de la déloyauté de gens à qui je n'avais jamais témoigné que
des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l'autre, j'ai
eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit
que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en
recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont
encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais
plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils
de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
"Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation,
si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et
Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à
s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en
être les malheureuses victimes.
Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tout lieu
de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est
resté avec moi jusqu'à la fin, je prie MM de la Commune de lui
remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les
autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la
Commune.
"Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me
gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru
devoir user envers moi.
J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que
celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit
leur donner leur façon de penser.
"Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir
ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour
tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.
"Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître
devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont
avancés contre moi.
Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792.
Louis
Olivier
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