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De petite taille et de plus fort laid Bertrand Du Guesclin navait pas été favorisé par Dame
Nature, ce qui ne lempêcha pas, comme on le dirait aujourdhui, de mener une
brillante carrière. Il fut en effet un des plus grands hommes de guerre de toute
lHistoire de France.
Né au château de la
Motte-Broons, près de Dinan, vers 1315 à 1320, il entra sur le tard au service du roi Jean II (Le Bon), en 1356. Noublions pas quà
cette époque, le Duché de Bretagne dont il est natif est indépendant. Son rattachement
définitif à la Couronne de France naura lieu que près de deux siècles plus tard,
en 1532.
Il est armé chevalier au
lendemain de la prise de Rennes, au château de Montmuran. Ses nombreuses victoires sur
les Anglais lui vaudront de nombreux titres et honneurs. Il sera nommé gouverneur de
Pontorson en 1360, comte de Longueville en 1364, duc de Molina et duc de Tanstamarre en
1366, roi de Grenade en 1369, et, pour finir, connétable de France en 1370, ce dernier
titre correspondant au grade de commandant en chef des armées françaises.
La tradition voulait à
cette époque que les Rois de France aient trois sépultures : un tombeau de corps,
un tombeau de cur, et enfin un tombeau dentrailles. Un signe compris dans les
sculptures du gisant indiquait de quel type de tombeau il sagissait : un
cur pour le gisant de cur (eh oui !), un sac ou un vase, par exemple,
pour le gisant dentrailles.
Du Guesclin surpassa dans
la mort nos anciens souverains en ayant (bien involontairement) un quatrième tombeau.
Mort dans le Gévaudan,
devant Châteauneuf de Randon dont il faisait le siège, le 13 juillet 1380, il avait
demandé à être inhumé à Dinan.
Transporté au Puy, le
cadavre est éviscéré et embaumé. Les entrailles sont inhumées dans léglise des
Jacobins (actuellement Saint-Laurent), le corps, comme cest alors coutume en
pareilles circonstances est cousu dans une peau, et le cortège prend la route de la
Bretagne. Nous sommes, rappelons-le, au cur de lété :
lembaumement est rudimentaire et le transport fort lent. Aussi, ce qui doit arriver
se produit : à Montferrand, la dépouille du grand soldat est dans un état de
putréfaction avancée et la puanteur vraiment trop forte : comme nous le raconte
alors un chroniqueur, on met alors le corps "dans un grand chaudron empli
deau, et on le fait bouillir afin de détacher la chair des os". On repart,
mais ce nest pas fini : au Mans, un officier de Charles V apporte lordre
de conduire le corps à Saint-Denis où le roi, honneur insigne, veut faire enterrer le
Connétable. Le squelette est alors remis au messager, et il sera fait selon la volonté
du souverain.
Seul, en fait, le
cur de Bertrand Du Guesclin arrivera dans sa ville de Dinan et sera déposé, en
vase de pierre, en léglise des Jacobins. Il est toujours aujourdhui en cette
ville, mais dans léglise Saint-Sauveur.
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