
TROISIEME
PARTIE
LE
REGIMENT
VII
A
la fin de l’hiver 1862-1863, le premier que nous passâmes
en Algérie, il nous arriva de France un détachement de
recrues dans lequel se trouvait Manara.
Il
venait de tirer au sort, avait eu un bas numéro ; le
fermier qui l’avait élevé était mort ; il avait
demandé à devancer l’appel de sa classe et à être
incorporé au 103e de ligne, afin de se trouver près de
moi. Voulant me faire une bonne surprise, il ne m’avait
point prévenu de son arrivée. Le capitaine-major
voulut bien, à ma prière, le placer à ma compagnie.
Manara
m’apportait des nouvelles toutes fraîches de ma
famille, de Léontine, de Léonie. Depuis un mois à
peine, il avait quitté Blattigny. Le jour de son départ,
il avait vu mon ancienne amoureuse, lui avait dit qu’il
venait en Afrique, près de moi.
Léonie
l’avait prié de la rappeler à mon souvenir.
Elle
s’était mariée à Combarel trois mois après mon départ
pour le régiment, avait eu déjà deux petites filles,
paraissait heureuse avec son mari.
Elle
était mariée ! C’est-à-dire qu’elle était perdue
pour moi, définitivement, bien perdue, perdue à jamais !
Chose
essentiellement bizarre et mauvaise, que le cœur humain !
Certes, j’avais été le meilleur ami de Léonie ! De
toute mon âme, j’avais désiré son bonheur !... L’on
m’annonçait qu’elle était heureuse, et cette
communication me faisait souffrir ; je regrettais d’être
si loin d’elle, de ne pouvoir trouver sa tranquillité.
Elle
était mariée ! la malheureuse appartenait à mon rival.
Elle
était mariée à Combarel !... Ah ! il avait été moins
bête que moi, lui, il n’avait pas hésité à l’épouser,
tout en sachant qu’elle avait été ma maîtresse, et il
vivait calme et heureux, auprès d’elle, pendant que
moi, le délaissé, je traînais misérablement mes guêtres
en Algérie.
Et
je n’avais rien fait pour la lui reprendre, rien tenté
! Je ne m’étais même pas vengé de ce misérable qui
m’avait tout pris ! je n’avais pas eu l’idée,
lorsque je le tenais sous le talon de ma bottine, de lui
laisser de moi un souvenir indélébile, une blessure qui
l’aurait défiguré pour le reste de ses jours !
***
J’étais
employé aux recrues. Je mis moi-même au port d’armes
mon ami Manara ; je menai très rapidement son instruction
miliaire ; j’eus ainsi la satisfaction de lui éviter
les bourrades du début, dont j’avais eu tant à
souffrir à mon entrée dans la carrière, de la part du
caporal Lambertini.
Dans
le peloton des recrues, je trouvai une autre figure de
connaissance, Ferdinand Madelon, de Rabières, engagé
volontaire trois ans après son tirage au sort et venu au
103e en même temps que Manara. Il n’appartenait point
à notre bataillon, je ne jugeai pas à propos de me faire
connaître à lui, de lui rappeler les circonstances dans
lesquelles nous nous étions rencontrés.
Tous
les soirs, après la soupe de cinq heures, je sortais avec
Manara. Je lui fis visiter la ville qui n’a rien de
particulièrement remarquable avec ses maisons uniformes,
ses rues symétriques, larges, arrosées, ombreuses, tirées
au cordeau. Si ce n’étaient les mercantis juifs,
les Arabes drapés dans leur burnous, les nègres en
guenilles, les caravanes de dromadaires, l’on s’y
croirait dans une de ces villes toutes neuves des environs
de Paris. Sidi-Bel-Abbès n’a point le caractère
d’une cité arabe.
Les
buts de promenade sont peu nombreux aux alentours ; le
plus souvent nous allions sur les bords de la Mekkera ;
nous causions de Saint-Christophle, de Blattigny, de
Grenoble, de nos parties d’autrefois, de nos amoureuses
surtout.
Léonie
était restée en service à Blattigny, chez les Javelat.
Tous les ans elle mettait un peu d’argent de côté ; il
était convenu que Manara et elle s’épouseraient
lorsque mon ami aurait accompli ses années de service.
Tous
les deux attendaient très calmes, sans impatience. Les
lettres qu’ils échangeaient de loin en loin révélaient
une parfaite sérénité d’esprit. Manara ignorait la
jalousie, avait en sa maîtresse une confiance absolue. En
la quittant, il avait simplement placé un verrou intérieur
à la porte de sa chambre afin qu’elle pût, le cas échant,
se mettre à l’abri des entreprises nocturnes du commis
marchand de plâtre, successeur de Manara, qui couchait
toujours à deux pas d’elle, sur la même soupente.
Bientôt,
nous dûmes renoncer à nos agréables promenades et à
notre vie tranquille de garnison. Sitôt l’instruction
des recrues terminée, notre bataillon fut désigné pour
faire partie d’une expédition dans le Sud, qui dura six
mois.
Le
récit de cette première colonne m’entraînerait loin ;
je ne puis songer à le faire ici. Des pays nouveaux tous
les deux jours, et cependant toujours à peu près le même
paysage : des sentiers à peine indiqués, des montagnes,
des plaines incultes ; de temps à autre nous traversons
un torrent desséché, nous apercevons les tentes d’un
douar arabe qui, de loin, ressemble à un groupe de
capucins agenouillés.
La
marche toujours, la marche sans fin, sous le ciel brûlant,
à la poursuite d’un ennemi insaisissable : la veille il
était là, dans cet étroit vallon au pied de la montagne
; nous campons à la place même où il a campé ;
instruit de notre approche, il a fui devant nous, sans que
nous puissions l’atteindre. Nous savons où il est allé
; à l’aube, nous marcherons vers lui ; mais sûrement
il nous échappera encore.. Et toujours ainsi !
A
la première lueur de l’aube roulent les tambours,
sonnent les trompettes et les clairons. Le camp s’éveille,
s’agite ; en un clin d’œil les tentes sont arrachées,
les piquets réunis en petits paquets, les toiles
enveloppant la capote ou la couverture roulées et fixées
sur le sac.
Puis,
un grognement formidable monte de l’intérieur du camp :
ce sont les protestations des dromadaires que l’on
charge, que l’on arrache au repos.
L’on
entend sonner la marche de la colonne, la marche du régiment.
Les
hommes ont sac au dos, les compagnies s’ébranlent
successivement, se mettent en route par un mouvement de
flanc, et, peu à peu, le ruban de la colonne se forme,
s’allonge, se roule en spirale sur les sentiers escarpés
des montagnes, à travers la plaine sablonneuse où
l’alfa pousse à profusion ; chaque touffe forme un
petit monticule où le pied bute, le soldat est obligé de
le contourner, ce qui rend la marche pénible et lente.
Les
chameaux et les dromadaires se sont tus, ils marchent par
enjambées lentes, mais longues, philosophiquement résignés.
Le
soleil se lève dans un ciel toujours sans nuages, réchauffe
l’air froid de la nuit. L’on éprouve un instant de
bien-être, hélas ! de courte durée ; le soleil escalade
au zénith, l’air devient tiède, puis brûlant ; les
bretelles du sac tirent cruellement sur les épaules ; la
sueur ruisselle sur les faces bronzées ; les langues
demeurent muettes.
L’on
arrive à la grande halte ; en moins de cinq minutes les
foyers sont installés, les feux allumés ; l’on fait
une soupe au café, on la mange à la hâte ; l’on
repart. Encore deux ou trois heures de réelles
souffrances, car l’air est surchauffé outre
mesure ; l’on croit littéralement traverser une
fournaise.
Enfin,
l’on atteint l’étape ; les faisceaux sont formés,
les tentes dressées, les marmites mies au feu pour faire
la vraie soupe avec la viande de boeuf et un peu de légumes.
Les
hommes non commandés de service sont libres, peuvent se
reposer, aller boire à la source s’il y en a une, se
coucher sous la tente laissée ouverte à ses deux extrémités
pour la libre circulation de l’air ; ou bien,
lorsqu’un bois se trouve à proximité du camp, aller à
la picorée des arbouses, des grenades, des caroubes, des
figues de Barbarie, etc.
Le
soir arrive, la chaleur intense fait place à une douce
fraîcheur, l’on éprouve un grand soulagement. Mais
bientôt cette fraîcheur se transforme en froid excessif
: l’on doit entretenir de grands feux, se coucher
presque les uns sur les autres pour combattre la température
glaciale de la nuit.
Tous
les jours c’est la même chose. Et cette vie plait aux
soldats ; c’est ce qu’ils appellent la vie libre,
qu’ils préfèrent de beaucoup à celle de la garnison.
Au bout de quelques jours d’entraînement, le corps
s’habitue à la marche, devient insensible et
infatigable ; l’on n’a plus les embêtements des manœuvres,
des appels et des revues minutieuses ; l’on voudrait
vivre toujours de cette bonne vie libre au grand air. Et
le souvenir de ces expéditions m’est resté doux et
vivace, et je voudrais pouvoir recommencer cet heureux
temps de ma jeunesse, malgré les fatigues et les
privations endurées.
VIII
Je
n’étais plus un bleu ; je comptais quatre ans de
service, trois ans de grade de caporal, et depuis six mois
j’étais passé aux voltigeurs du premier bataillon. Je
me trouvais très heureux dans cette compagnie d’élite
; bien vu de mes supérieurs, aimés de mes collègues, obéi
et respecté de mes inférieurs.
N’ayant
pu parvenir à améliorer mon écriture, j’avais perdu
toute espérance d’arriver fourrier, puis sergent-major
; mais je pouvais compter obtenir les galons de sergent un
peu avant l’expiration de mon temps de service. Il me
restait trois ans à faire. Manara était passé aux
voltigeurs un peu après moi et appartenait à mon
escouade ; je le poussais à étudier la théorie, en vue
de le faire arriver caporal.
Notre
bataillon était stationnaire au camp de Sebdou. Il y
avait alors une grande effervescence en Algérie : le
marabout Sidi-Lalla essayait de soulever le peuple arabe,
prêchait la guerre sainte, la guerre d’extermination
des Roumis. A la tête de bandes nombreuses, il
pillait et saccageait les tribus qui voulaient rester fidèles
à notre domination. Les malfaiteurs ordinaires avaient
redoublé d’audace ; les routes, même les plus fréquentées,
n’offraient plus aucune sécurité aux voyageurs ;
journellement, l’on parlait de nouveaux assassinats.
La
deuxième section de notre compagnie, sous les ordres de
son chef, le sous-lieutenant Boissier, fut désignée pour
«garder» la portion de la route de Tlemcen comprise
entre Sebdou et le caravansérail d’Aïn-Ghorabaa.
M.
Boissier, gardant sous ses ordres immédiats deux caporaux
et trente hommes, s’établit au caravansérail même et
échelonna sur la route deux petits postes pour se relier
à Sebdou. Mon sergent de subdivision se trouvant malade
à l’hôpital, l’on me confia les fonctions de chef de
poste ; je fus placé avec vingt voltigeurs et un
fonctionnaire caporal, Manara, au Moulin des sources de la
Tafna, c’est-à-dire au sommet de la montagne qui domine
au nord la plaine de Sebdou, à six kilomètres de la
redoute.
De
trois heures en trois heures, chaque poste envoyait de
petites patrouilles qui battaient constamment la route,
servaient d’escorte aux voyageurs, communiquaient en des
endroits déterminés avec les patrouilles du poste
voisin.
Notre
détachement devait durer deux mois.
Depuis
quinze jours, j’étais bien tranquille à mon poste du
Moulin de la Tafna, lorsqu’un matin, je vis arriver le
nommé Fiacre, sergent à la troisième compagnie, un
fricoteur assez mal vu. Il me dit que je venais d’être
nommé sergent, qu’il était envoyé pour me remplacer
dans le commandement de mon poste.
Je
compris de suite que Fiacre me mentait, car mon tour de
passer n’était pas arrivé ; néanmoins, je lui offris
à déjeuner par politesse, et comme pendant toute la durée
du repas il persista dans son dire, j’étais presque sur
le point de le croire. Mais alors il entra dans un tel
luxe de détails, à propos de ma prétendue nomination,
que le mensonge m’apparut clairement ; qui veut trop
prouver ne prouve rien.
En
réalité, le sergent Fiacre était tout bonnement désigné
pour relever le sergent Perret, chef de poste du plateau,
admis à la retraite.
La
semaine suivante, Manara et moi nous nous trouvions un
soir assis tous deux seuls, au sommet de la montagne,
lorsque nous aperçûmes sur la gauche et en avant de
Sebdou, dans le pays des Angad, le défilé d’une
colonne arabe : troupes à pied, cavalerie, convoi de
chameaux, rien n’y manquait. Il n’y avait pas de doute
; c’était l’armée de Sidi-Lalla.
Je
réquisitionnai immédiatement un cheval, et Manara partit
ventre à terre informer de notre découverte le
commandant de place de Sebdou. J’envoyai en même temps
un voltigeur prévenir le poste du plateau commandé par
Fiacre, avec prière à ce dernier de transmettre la
nouvelle au sous-lieutenant Boissier.
J’étais
convaincu que la colonne arabe ne marcherait point sur la
redoute de Sebdou, encore moins sur Tlemcen ; qu’en conséquence,
elle ne s’engagerait point sur la route gardée par nous
; il pouvait se faire, toutefois, que Sidi-Lalla, instruit
de l’existence de nos petits postes, envoyât des détachements
avec mission de les surprendre ; ne serait-ce que pour
enlever les armes et les munitions.
Je
m’empressais donc de mettre mon petit camp en état de défense
; à cet effet, je fis creuser un fossé et élever un
parapet tout autour ; les matelas du meunier furent tenus
prêts à être placés aux embrasures des fenêtres, pour
le cas où nous serions contraints de nous replier dans
les bâtiments du moulin.
Durant
la nuit entière, nous fûmes occupés à nos travaux de
fortification et nous vîmes flamber les douars de la
plaine des Angad, que la colonne insurrectionnelle était
en train d’incendier, après les avoir pillés.
Aussitôt
averti par Manara, le commandant de place de Sebdou avait
fait jouer le télégraphe. Dès le lendemain à midi,
nous vîmes arriver, à la tête de deux escadrons de
chasseurs d’Afrique, le général C.., commandant la
subdivision de Tlemcen.
Les
chasseurs firent halte à hauteur de mon poste. Le général
mit pied à terre, me posa quelques questions au sujet de
ce que nous avions aperçu la veille, inspecta brièvement
ma petite redoute et mes hommes ; me demanda depuis
combien de temps j’étais caporal, puis se remit en
selle et repartit, suivi des escadrons.
J’ai
su depuis que les chasseurs d’Afrique atteignirent la
colonne arabe, donnèrent la chasse à des détachements
isolés, mais durent rebrousser chemin devant un ennemi
trop supérieur en nombre.
Après
avoir opéré leurs razzias et incendié les douars, les
troupes de Sidi-Lalla se retirèrent du côté du sud. Mon
poste ne fut point inquiété et mes préparatifs de défense
restèrent inutiles.
Huit
jours après le passage du général C…, des hommes de
mon détachement, rentrant de leur patrouille du matin,
m’apportèrent une lettre de Fiacre : celui-ci
m’informait qu’il me portait deux jours de salle de
police pour avoir fait une promenade à cheval et m’être
absenté de mon poste pendant deux heures. «Cela
m’apprendrait, ajoutait un post-scriptum, à tenir ma
langue.»
Il
était vrai que j’avais fait la promenade en question ;
mais Fiacre, tout sergent qu’il était, n’avait pas à
me surveiller. Comme lui, j’étais chef de poste, et
comme lui, je ne relevais, pour mon service, que de
l’officier commandant le détachement à Aïn-Ghorabaa ;
néanmoins, du moment où il rendait compte de mon petit méfait,
il était probable que le sous-lieutenant me porterait
lui-même une punition, ce qui ne m’amusait pas du tout.
Les
hommes qui m’avaient remis la lettre m’expliquèrent
la cause de la grande colère de Fiacre à mon égard. Il
venait d’attraper huit jours de prison, ordre de M.
Boissier, pour s’être mis en état d’ivresse, et se
figurait avoir été dénoncé par moi, croyait que
j’avais saisi cette occasion pour me venger de la
fumisterie qu’il m’avait faite en me contant que j’étais
passé sergent.
Comme
nous étions en train d’épiloguer avec Manara, à
propos de cette malencontreuse histoire, arriva à cheval
un brigadier de spahis qui me remit un billet de la part
de notre capitaine. Ce billet m’annonçait que, «sur
l’invitation de M. le général C.., le colonel
m’avait nommé sergent à la première du premier».
La
décision était de l’avant-veille et portait que je
continuerais mon service aux voltigeurs, jusqu’au jour où
les détachements seraient relevés. Le capitaine me félicitait,
m’envoyait deux paires de galons, avec ordre de les
faire poser immédiatement.
Alors,
plus content qu’un monarque, je pris ma meilleure plume,
de l’encre, du papier et je traçai les phrases ci-après
:
«Mon
pauvre Fiacre, vous n’avez pas de chance avec moi ;
l’autre jour, vous avez voulu me faire avaler une bonne
craque et il s’est rencontré que, sans le savoir, vous
devanciez la vérité seulement de quelques jours.
Aujourd’hui,
il vous prend la fantaisie de me punir, et vous arrivez
trop tard ; je suis sergent comme vous.
«J’allume
ma pipe avec votre épître, afin qu’il ne reste nulle
trace de votre tentative avortée.
«Je
ne suis pour rien dans votre punition, que j’ignorais et
que je viens seulement d’apprendre à l’instant même.
Votre nouveau collègue vous pardonne vos soupçons
injurieux à l’égard de l’ex-caporal Pascal, parce
qu’il est aujourd’hui de très bonne humeur et trouve
l’aventure drôle ; mais il vous prie de vouloir bien ne
pas recommencer.»
Le
métier de sergent n’est point une sinécure, pourtant
il est moins désagréable que celui de caporal. En
passant sergent, le caporal constate une grande amélioration
de son sort ; il a davantage de responsabilité que dans
son ancien grade, mais, en revanche, il touche un prêt
plus élevé, mange à la cantine, est mieux vêtu, a plus
d’autorité sur les soldats, un peu plus de considération
auprès des officiers ; enfin, et c’est là le point
principal, il n’a plus à redouter les punitions des
sergents.
Une
fois mon détachement relevé, j’allai joindre la première
du premier, ma nouvelle compagnie, j’y trouvai des collègues
charmants. Le capitaine, M. Séguin, était un homme
excellent et les officiers de bons diables ; seul, le
sergent-major Gallard nous faisait quelques misères ;
mais, en somme, je me trouvais satisfait de mon sort.
Martial
Moulin
A
suivre...
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