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La Petite Gazette Généalogique

 

 


Le Feuilleton de l'Amicale

Chaque mois, Evelyne vous narrera l'épopée d'Aimé Albert Boucher...

Episode n° 1                               Auteur © 2001 - Amicale-Généalogie

 

JOURNAL DE VOYAGE
D’AIME ALBERT BOUCHER

 

Soldat de 1ère classe au 23ème régiment d'infanterie coloniale, 9ème compagnie, 3ème bataillon

Ce jeune Normand, fils d’un Journalier, originaire de BOUELLES petite commune du pays de Bray (Haute-Normandie) a consigné dans un cahier d’écolier le récit de sa traversée de Toulon au Tonkin.

Le texte empreint d’une attachante naïveté a été fidèlement reproduit par sa petite-fille ..

PREFACE

Je ne veux pas ici vous composer des vers, non, car je ne suis pas poète. Je veux seulement par un style peut être imparfait, mais que mon intelligence ne permet pas d’être mieux combiné !.. Vous faire le récit de mon voyage de Paris au Tonkin .

Je ne dois pas expliquer la cause de mon départ à la colonie car aujourd’hui nul ne doit l’ignorer.

Heureux ceux que la nature a favorisé de la fortune, l’avenir est à eux. Mais les délaissés n’en sont pas là ! Ceux qui doivent comme moi, au péril de leur vie, trouver un moyen en prévoyance de l’avenir. Et le moyen que j’ai choisi, c’est de partir à la colonie.

Je ne veux cependant pas m’amuser à cette question. Dont j’aurai beaucoup de choses à dire, à un point que je pourrais sans peine en remplir les pages de mon cahier. Non ce n’est pas ce que je veux. Mon but est d’attirer votre attention sur les péripéties d’un voyage sur mer si cela peut vous intéresser.

DE PARIS A TOULON

Etant appelé pour trois ans dans l’infanterie coloniale le 16 novembre de l’année 1901, j’ai dû rejoindre mon corps à Cherbourg où j’ai séjourné environ 11 mois. Le 23 éme régiment de cette arme ayant été formé pour tenir garnison à Paris, c’est avec joie que j’apprend mon envoi dans ce régiment. Mais je ne devais pas y rester longtemps.

En effet ayant entendu parler d’un prochain versement pour la colonie du Tonkin. Et presque aussitôt on demandait des volontaires et je fus de ce nombre.

C’est alors que les préparatifs du départ étant terminés, nous quittons le Fort de Montrouge  le 29 novembre à 8h30 du matin, musique en tête, nous traversons une nombreuse foule qui nous acclame chaudement et nous nous dirigeons sur la station Rapée-Bercy afin de prendre le train spécial qui doit nous amener jusqu'à Marseille.

Après une organisation qui dura environs une heure et demi et pendant que les musiciens du 21 et du 23 ème entament la Marseillaise, le train siffle et s’ébranle lentement, là beaucoup de parents et d’amis agitent leurs mouchoirs en nous criant au revoir et bon voyage, il est alors 10 heures 2O. (et adieu Paris !)

Au bout d’une demi-heure le train file à une allure vertigineuse. Successivement nous passons à Melun vers midi, à 7 heures du soir à Dijon, à 10 h à Macon, à 11 heures à Lyon, à 5 heures du matin nous arrivons à Avignon, ici nous avons un arrêt assez long, nous permettant de prendre le café préparé d’avance, et spécialement pour nous, au buffet de la gare. Enfin à neuf heures, nous sommes à Marseille.

Content d’avoir terminé ce voyage en chemin de fer, chacun s’apprête à descendre, mais surprise, une machine se place à l’arrière du train qui se remet aussitôt en route pour Toulon. Ceci est dû aux grèves, des inscrits maritimes, qui règnent en ce moment dans le port de Marseille. A la station d’Aubagne où nous arrivons vers 10 heures, il nous est distribué un repas froid, que chacun s’empresse de déguster, car les estomacs commencent à être vides. Il est midi précise quand nous arrivons en gare de Toulon. En moins d’un quart d’heure tout est débarqué et on prend le chemin de la caserne du 8ème colonial située en dehors et bornant la ville.

Un des bassins du port baigne le quartier du 9éme à une de ses extrémités. C’est là que se retrouvent trois anciens vaisseaux de guerre servant de casernement à une partie du 8éme . C’est aussi un de ces bâtiments qui doit m’abriter pendant le temps que nous aurons à rester à Toulon. Je ne me cache pas de vous dire que nous n’avons pas toutes nos aises dans ces logements aussi provisoires que possible. On y accède au moyen de pontons en bois . Nous sommes d’abord très mal couchés, une méchante et unique paillasse consiste notre fourniture de literie, de plus l’air y est infect.

Enfin y resterons nous longtemps à ce Toulon ! (Dieu le sait). Tous s’ennuient ici. Le Chodoc qui doit nous transporter est attendu impatiemment. Dès qu’on entend la sirène d’un bateau qui rentre dans le port, chacun accourt sur les vaisseaux dont j’ai parlé plus haut pour voir s’il arrive en rade. Mais hélas, il n’en est rien, car on ne le voit pas paraître. C’est une véritable course de journaux ! Petit Parisien, Provençal ou Marseillais. D’un côté on entend dire le Chodoc appareille à Marseille, d’un autre le Chodoc n’a pas d’ordre pour partir, mais en choeur au moindre bruit , tous s’écrient (V’là le Chodoc)

Je dois dire que nous devions embarquer à Marseille, mais les grèves qui y règnent, nous ayant valu comme je l’ai dit plus haut, de venir à Toulon, sont cause également du retard que subit notre départ .

Il faut que je fasse un petit détour avant de revenir à mon point de départ, je veux vous parler d’un phénomène de la nature dont j’ai été témoin et qui ne se produit certainement pas dans le coin de la France où nous habitons : le 5 décembre tandis qu’on s’est endormis au bruit d’une pluie presque torrentielle, qu’elle ne fût pas notre surprise le matin en nous réveillant un spectacle splendide s’offre à nos yeux, les collines qui dominent la ville, sont couvertes d’un superbe manteau de neige d’une blancheur magnifique, il est d’autant plus beau que le soleil le fait briller comme une véritable glace et chose curieuse, près de la mer où nous sommes il n’en est pas tombé un seul flocon.

Enfin l’heureux moment est arrivé, après avoir touchés nos casques et trois paquets de tabac d’avance, l’officier de détachement nous passe une revue et nous invite à nous tenir prêt à embarquer le lendemain à 9 heures du matin.

  FIN DE LA PREMIERE PARTIE DU RECIT

Prochainement : EMBARQUEMENT ET TRAVERSEE DE TOULON A PORT SAID,

Evelyne  

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à suivre...

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