HEURLES
ou DEHEURLES Christophe-Nicolas,
Sieur de Laboras (ou plutôt du
Labourat), bigame célèbre, né à Troyes, le 9 mai 1671 ;
mort à Troyes le 30 septembre 1738.
Auguste JAL dans son "Dictionnaire critique de
biographie et d'histoire, à l'article "Excommunication
majeure", donne la notice qui suit :
"Christophe-Nicolas de HEURLES naquit à Troyes et fut
baptisé à l'église de Saint-Nizier, le 9 mai 1671, fils de
Claude de HEURLES et de Perette SEMILLARD ; il eut pour
parrain M. Christophe LEFEBVRE, conseiller du Roy, lieutenant
criminel de la Ville de Troyes, et pour marraine Elisabeth
PITOU (fille de M. Pierre PITOU, conseiller du Roy...). Il
avait dix-neuf ans lorsqu'il se maria. Il épousa à Troyes,
en l'église Saint-Nizier, le 22 janvier 1690, dame Catherine
de COMBES, veuve de Philippe JOREL... Après un assez long séjour
dans son pays natal, il vint à Paris, et y fit la
connaissance d'une jeune fille, Marie-Marguerite DUJAC, fille
de Jean-Baptiste DUJAC, bourgeois de Paris. Marie-Marguerite
avait alors vingt-trois ans. Elle plut beaucoup à Christophe
de HEURLES, qui, sans doute, lui plut aussi. Ils étaient
voisins dans la rue de Grenelle-Saint-Honoré.
Marie-Marguerite n'ayant plus sa mère pour la guider, et mal
surveillée par son père, se laissa prendre aux doux propos
de son adorateur, qui n'hésita pas à lui promettre mariage.
Mademoiselle DUJAC demanda le consentement de son père,
l'obtint, et il fut décidé que la cérémonie aurait lieu
bientôt. Que la pauvre fille, emportée par la passion, ne se
soit point occupée de prendre sur son futur époux des
renseignements sérieux, il n'y a là rien de bien étonnant.
Mais que Jean-Baptiste DUJAC ait négligé de s'informer à
Troyes de la situation de son gendre, de sa famille, de ses
relations de jeunesse, c'est ce que l'on ne comprend pas...
Quoi qu'il en soit, DUJAC consentit à un mariage qui se fit
dans des conditions qui seules auraient dû l'avertir que
quelque chose de fâcheux se cachait sous le mystère dont
Christophe-Nicolas de HEURLES désirait voiler ses noces. Les
deux futurs demeuraient sur la paroisse Saint-Eustache ; c'était
donc à l'autel de cette église que devait être bénie leur
union : il n'en fut pas ainsi. On demanda au curé de
Saint-Eustache la permission de s'aller fiancer et marier à
Sainte-Croix, en la Cité. Sainte-Croix était une des petites
églises de l'île Notre-Dame, où se célébraient les
"mariages borgnes", ceux qui se faisaient après des
consentements de parents arrachés par l'importunité, ceux où
l'on ne voulait avoir pour témoins que quatre complaisants
voisins ou amis, mariages, qui, pour n'être pas tout à fait
secrets, se faisaient à peu près secrètement, et
s'entouraient de précautions qui leur donnaient un certain
caractère suspect. Le 29 avril 1710, Jean-Baptiste DUJAC mena
sa fille à Sainte-Croix, où elle fut fiancée et mariée...
De son mariage Christophe-Nicolas de HEURLES eut deux filles,
la première le 3 juillet 1711, la seconde - celle-ci devint
Madame RICCOBINI - le 25 octobre 1718...
Christophe-Nicolas vécut assez tranquillement dans son second
ménage pendant deux ans et demi, allant de temps en temps
voir à Troyes Catherine de COMBES. Mais la troyenne, première
épouse de LABORAS, connut l'indigne conduite de son infidèle
et la dénonça à Marie DUJAC. Les deux femmes se réunirent
dans une action commune contre leur époux, demandant, l'une
qu'on lui rendit un mari dont elle ne se souciait guère,
l'autre, qu'on la délivre d'un scélérat dont elle ne se
souciait plus, et qu'à bon droit elle détestait autant que
la première en date. L'affaire n'alla point au Parlement ;
elle fut portée devant le Salomon de l'officialité de Paris,
qui par une sentence du 4 juin 1714, cassa le second
mariage de Christophe-Nicolas de HEURLES, le condamnant à adhérer
à Catherine de COMBES, comme à sa légitime épouse, et pour
avoir ledit de HEURLES, ajouta l'official, trompé l'Eglise et
abusé du sacrement de mariage, l'avons déclaré avoir
encouru l'excommunication majeure... l'avons condamné en
quarante livres d'aumône... et aux dépens, tant envers la
demanderesse qu'envers Catherine de COMBES... Probablement il
ne se pourvut pas au parlement contre la décision ecclésiastique,
qui en somme, au point de vue purement humain, était
indulgente."
- Après sa condamnation, de HEURLES retourna à Troyes, où
il mourut dans sa maison du Labourat, le 30 septembre 1738. Il
n'avait pas assisté au mariage de sa fille, Maie-Jeanne, avec
Monsieur RICCOBINI, le 7 juillet 1734. Son extrait mortuaire,
d'après les registres porte "Christophe DEHEURLE de
Labourat"
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